Je regrette ma FFS

Avertissement de contenu : cet article parle d'opérations chirurgicales dans le cadre de ma transition et c'est raconté de manière crue.

FFS c'est l'acronyme anglais pour opération de féministation faciale, il y en a plusieurs sortes qui existent, moi j'ai fait une frontoplastie pour adoucir mes arcades. En même temps on m'a raboté la pomme d'adam, c'est une autre opération mais qui peut se faire en même temps et qui est très rapide.

Pourquoi une FFS

Depuis presque une dizaine d'années je trouve que mon visage n'est pas assez féminin. J'ai longtemps cru qu'en apprenant à me maquiller j'arriverais un jour à surpasser ça mais la réalité c'est que je ne pouvais pas apprendre à me maquiller à cause de la forme étrange, trop marquée, de mon visage. J'ai mis du temps avant d'apprendre qu'il s'agissait de dysphorie (je sais que le concept de dysphorie est controversé mais il permet de poser les mots sur une sorte de malaise de soi). Ne sachant pas trop quoi faire, j'ai pris rendez-vous à l'hôpital Purpan à Toulouse pour le printemps 2023 je crois.

Comment ça s'est passé

J'ai eu un seul rendez-vous avant l'opération où on m'a scannée le visage en 3D et où on a un peu discuté avec la chirurgienne. Ça s'est bien passé mais c'était rapide et surtout je n'ai pas eu de nouvelle avant l'opération alors que je pensais qu'on allait se revoir pour préciser et expliquer certaines choses. En réalité j'ai du insister à l'hôpital pour la revoir une deuxième fois et ça a été 30 secondes avant de passer au bloc fin novembre. Pendant qu'elle s'occupait du front ma pomme d'adam a été opérée par l'assistant de l'ORL.

En sortant j'ai eu un bleu du côté gauche du visage avec un sourcil paralysé, je l'ai vue une minute et elle ne m'a pas rassurée du tout, elle a été très expéditive. J'avais tellement peur que mon sourcil reste paralysé. Je suis donc ressortie le lendemain de l'opération, fatiguée mais ça allait, on a même fait un détour pour aller récupérer la Xbox que j'avais commandée.

Les complications post-opératoires

En quelques heures une grosse douleur s'est développée au niveau du cou, qui m'empêchait de déglutir. On n'avait même pas d'antidouleurs, ma copine qui était chez moi pendant cette période a du appeler plusieurs fois l'hôpital pour des ordonnances. Mais les antidouleurs ne fonctionnaient pas, j'avais atrocement mal, je ne pouvais pas boire ni dormir. C'était horrible.

Au bout du troisième jour je lui ai dit que ça devenait insupportable et qu'il fallait faire quelque chose, qu'on allait être obligées d'appeler les urgences. Finalement on a appelé ma généraliste (c'est la meilleure), on a réussi à négocier un créneau dans la journée et on y est allées en taxi. La médecin m'a regardée et m'a fait un papier pour m'envoyer aux urgences du même hôpital où on m'a opérée. On a repris un taxi et on est arrivées aux urgences. Après une demi-heure d'attente, on a vu un premier médecin qui m'a envoyée faire des examens supplémentaires et à partir de ce moment ma copine n'a pas pu me suivre. Après la prise de sang on m'a inspectée le cou avec une caméra miniature (c'est terriblement désagréable) et un médecin m'a demandée si j'avais de la fièvre ou « pas encore ». J'étais terriblement fatiguée. On m'a fait passer un scanner puis un médecin est arrivé pour m'annoncer que j'allais repasser au bloc. À ce moment-là je me suis mise à pleurer de fatigue et de peur, j'étais épuisée autant physiquement que moralement. Puis je me suis lavée dans la douche qui donnait sur le couloir et je suis ressortie avec les fringues en papier. On m'a mise sur un brancard et j'ai attendu devant la porte du bloc. Une horloge murale indiquait 1h30 du matin.

En sortant de là j'étais vraiment soulagée de ne plus avoir mal. Mais j'ai du rester 4 jours supplémentaires à l'hôpital, dans le même service que la dernière fois. Les conditions sont assez désagréables et on s'ennuie, mais surtout j'ai du négocier avec tout le personnel pour obtenir autre chose que de la bouffe mixée alors que je n'avais plus aucun problème de déglutition. Le personnel soignant est relativement agréable malgré quelques questions malaisantes des brancardiers au sujet de l'opération et de ma transidentité. J'ai ensuite du aller voir des infirmières libérales pendant une semaine pour les pansements du cou.

Maintenant

Mon sourcil refonctionne totalement, la sensibilité est revenue partout, la cicatrice sur la tête est très propre et la cicatrice au niveau du cou se lisse doucement même si elle est plus visible que ce qu'elle aurait du être normalement. Je n'ai jamais repris de rendez-vous de suivi avec la chirurgienne parce que j'ai jamais réussi à me décider à le faire et ensuite j'avais trop de culpabilité d'avoir trop de retard pour le rendez-vous. Je crois que je n'ai pas envie de la revoir.

Bilan de l'opération

Je suis déçue de ma frontoplastie, on voit très peu la différence et je me rends compte que ce que j'aurais voulu aussi c'est une orbitoplastie. Presque cinq mois après : oui je regrette d'avoir fait cette opération. Je ne me suis clairement pas assez bien informée sur ce que je voulais et sur le travail de la chirurgienne (qui est excellent techniquement mais c'est juste pas ce que je voulais).

Et demain ?

En sortant de là j'ai pris un rendez-vous avec un autre chirurgien pour refaire une frontoplastie et en profiter pour faire une orbitoplastie en même temps. Je suis allée faire le scanner du visage ce mois-ci et le premier rendez-vous est prévu pour le mois de juin 2024. J'ai très hâte et même si je sais que ça va me coûter plus cher que l'autre opération je pense que ça vaut le coup.

J'ai le sentiment amer d'avoir perdu du temps et d'avoir fait des travaux pour rien sur mon visage, d'avoir fait faire un travail qui devra être repris et possiblement le fragiliser. J'espère que ce que je veux faire aujourd'hui est possible et que j'arriverai un jour à aimer mon visage.